Il y a trois ans, Ladj Ly, réalisateur des Misérables, ouvrait son premier centre de formation du cinéma à Clichy-Montfermeil, en France. Cette année, c’est dans la capitale Sénégalaise qu’il a décidé d’inaugurer la première école gratuite de Cinéma en Afrique. Cette antenne Dakaroise est dirigée par Toumani Sangaré, un réalisateur franco-malien de renommée. Elle est dédiée à l’apprentissage des métiers du cinéma.
Faciliter l’accès au cinéma à des talents locaux
L’école Kourtrajmé est gratuite et ouverte à tous. Elle n’a pas de conditions de diplôme, ni d’âge (sauf être majeur). Elle a comme ambition de former la prochaine génération du cinéma africain en donnant la chance à des nouveaux talents. Parce qu’en effet, au Sénégal, l’accès à ce milieu reste difficile, voire impossible. Pourtant, le pays regorge de talents qui n’attendent qu’à être découverts. Les profils recherchés : des personnes extrêmement motivées, avec un sens artistique prononcé. Seul le talent et la créativité comptent !
Kourtrajmé a trois objectifs distincts :
- Délivrer une formation audiovisuelle, artistique et technique des métiers du cinéma.
- Permettre à chaque élève de développer un réseau professionnel solide.
- Donner à chacun de la légitimité et de la confiance en soi.
Les composantes de la formation
Durant la formation, les élèves produisent un court métrage et une mini-série. En effet, à l’issue d’une session d’écriture, un scénario est retenu afin de développer un pilote. Après 6 mois d’écriture, les élèves travaillent en collectif sur la réalisation de celui-ci. Ils apprennent à gérer le relais entre scénaristes et réalisateurs.
Contenu et fabrication des films
Lors de cette formation, les élèves sont initiés aux outils et aux métiers du 7ème art. Ils apprennent toute la chronologie, depuis les méthodes et modèles de l’écriture jusqu’aux logiciels et enjeux du montage. Ils ont accès aux différents postes et matériels d’un tournage.
Les apprenants ont la chance de suivre des cours théoriques et de pouvoir les mettre en pratique, d’analyser des œuvres mais aussi d’assister à des projections. Et pour couronner le tout, des intervenants professionnels issus du milieu audiovisuel se rendent ponctuellement à l’école afin d’exposer leur métier en profondeur aux élèves.
Culture et réseau
Afin de développer le réseau professionnel des élèves, des projections-rencontres sont organisées avec des invités, à la manière d’une Masterclass. Grâce au directeur de l’école Ladj Ly ainsi qu’au collectif Kourtrajmé, les élèves peuvent entrer en contact avec des invités d’exception (réalisateurs, acteurs, producteurs…) qui acceptent de leur livrer leurs expériences.
Ainsi, les acteurs Alain Gomis, Omar Sy, Souleymane Cissé, Issaka Sawadogo, Maïmouna Ndaye, Ludivine Sagner, Romain Gavras ont eu l’occasion de leur rendre visite. Des réalisateurs comme Spike Lee ou George Lucas ont aussi accepté d’échanger sur leurs expériences professionnelles. Pour finir, des cinéastes comme Michel Hazanavicius et Cédric Klapisch sont intervenus au cours de l’année 2018-2019, et Kaws et Martin Parr au cours de l’année 2019-2020.
Des modules complémentaires
Section art et image de JR
Créée par JR, un artiste autodidacte mondialement connu, cette formation enseigne la photographie. Elle est aussi l’essence d’une formation artistique au sens large, pour former une nouvelle génération d’artistes.
Section acteur
« Cultivons une nouvelle génération d’acteurs qui viennent d’endroits où les gens ne sont pas suffisamment ou mal représentés dans les médias, dans la culture… alors qu’ils sont la sève du pays. »
La section acteur permet de dénicher des personnes capables de représenter les corps et les cœurs de gens qui n’ont pas reçu les outils adéquats pour se faire entendre de manière significative.
Dakar est devenue une référence en termes d’audiovisuel en Afrique. Mais aujourd’hui, le cinéma reste encore inaccessible à la population tandis que les séries sont déjà bien développées. L’école Kourtrajmé, qui a donné naissance à une nouvelle association financée par l’Agence Française de Développement (AFD), se veut être un pilier dans l’essor du cinéma en Afrique. Cette école a la chance de se tenir dans un haut lieu artistique de Dakar, l’ancien atelier de feu d’Ousmane Sow. Et elle compte bien honorer ses promesses.
