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L’industrie pétrolière compte de nombreux traders qui ont su voir en cette industrie un levier considérable. Faiseurs de lien entre les producteurs de brut, les distributeurs de produits raffinés et les raffineurs eux-mêmes, ils ont su faire leur place au sein d’un secteur majoritairement dominé par des grands groupes internationaux. L’Afrique représente un continent en or pour ces traders, et ne cesse de monter en puissance sur la scène pétrolière mondiale. La part de l’Afrique dans la production mondiale de pétrole a atteint 8,7% en 2018., ce qui équivaut à 8,1 millions de barils par jour. Qui sont aujourd’hui ces négociants africains de produits pétroliers ?

Tonye Colen, Tope Shonubi et Ade Odunsi – Sahara Group

Ade Odunsi, Tope Shonubi et Tonye Cole se sont rencontrés à l’University of Lagos avant de se lancer dans le trading pétrolier, en 1996. C’est ensemble qu’ils ont fondé Sahara Group., d’abord spécialisé dans la négociation de brut et de produits raffinés. C’est depuis Genève que ce groupe nigérian organise la commercialisation de produits raffinés au Ghana, en Côte d’Ivoire puis en Angola. En 2019, Sahara Group s’est lié avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) afin de lancer l’Africa Renewable Energy forum, qui vise à créer un espace d’échange pour accélérer l’électrification en Afrique. « Les énergies renouvelables sont encore à leurs débuts en Afrique. Nous devons résolument mettre en place des initiatives pour impulser un changement de mentalité qui amènera les gouvernements, les acteurs du secteur privé et les différentes agences de développement à opter pour une transition énergétique », confiait Kola Adesina, le directeur exécutif de Sahara Group, à l’agence Ecofin.

Claude Wilfrid Etoka – SARPD Oil et PEPA

C’est tout d’abord en important des pneus à travers sa société Delta Marine que l’homme d’affaires congolais Claude Wilfrid Etoka, surnommé Willy, commence dans la négociation. Ce n’est qu’en 2004 que le commerce des produits pétroliers devient son nouveau cheval de bataille avec la création de la SARPD Oil, la Société africaine de recherche pétrolière et de distribution. Dix années plus tard, cette société de trading pétrolier devient l’une des cinq premières entreprises dans le domaine sur le continent, avec, depuis 2015, l’obtention de près de 60% des parts du marché de pétrole raffiné importé au Congo. ll fonde plus tard PEPA, la Petroleum Exploration & Production Africa. Fort de sa réussite, en 2019, le magazine FORBES effectue pour la première fois un classement destiné à l’espace francophone africain : Claude Wilfrid Etoka fait partie des 10 plus grands milliardaires du continent. En plus de cette reconnaissance, les bonnes nouvelles continuent de pleuvoir : ce classement a été réalisé avant la découverte d’un important gisement d’hydrocarbures de Delta cuvette, qui à lui tout seul s’apprête à quadrupler la production congolaise de l’or noir, avec un périmètre en onshore couvrant une superficie de 9 392 m2. Claude Wilfrid Etoka s’empare directement de cette découverte, et ne cesse de poursuivre son ascension dans le monde africain des affaires. SARPD et de PEPA font désormais partie des acteurs majeurs de la recherche pétrolière en Afrique.

Ibrahim Fondio – La Chorale

Tout d’abord ingénieur, Ibrahim Fondio a su bénéficier de sa forte expérience dans de grands groupes pour ensuite accumuler un savoir et un bagage professionnel suffisant pour monter sa propre société. Ancien cadre d’une grande compagnie internationale, Schlumberger, puis de la société ivoirienne de raffinage, la SIR, il a décidé de se mettre à son compte en s’associant à 2 amis, Emmanuel Forson, ex-membre de la Banque africaine de développement, et le financier Hervé Ndoba, eux aussi professionnels du secteur, pour créer la Chorale, en 2012, société de conseil et de stratégie mais également d’acquisition de pétrole en Afrique. Leur objectif ? Se positionner comme producteurs de pétrole brut et de produits pétroliers. Aujourd’hui, la Chorale dispose de partenaires tous différents, collaborant avec la SIR en Côte d’Ivoire mais aussi avec le distributeur Engen en Afrique du Sud.

Ces 3 traders ont su faire face à l’oligopole des grands groupes détenus par des Européens, comme Glencore, Vitol, Trafigura, etc.. Ces sociétés ont su tirer leur épingle du jeu, s’implantant notamment à Genève, lieu incontournable du trading pétrolier africain pour ses banques, son multilinguisme et sa discrétion. D’ici 2030, l’Afrique sera la région du monde à connaître le plus fort taux de croissance au niveau non seulement de la demande mais aussi de la consommation de pétrole brut et de produits pétroliers, ce qui laisse présager de nouvelles potentialités pour ces négociants africains.