Home Achat véhicule La voiture d’occasion en Afrique, un marché qui roule !

La voiture d’occasion en Afrique, un marché qui roule !

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Difficile d’établir un état des lieux précis du marché de l’automobile d’occasion en Afrique. En 2020 on estime cependant à 5 à 6 millions le nombre de voitures d’occasion qui arrivent chaque année en Afrique aux fins de revente. Au Sénégal, il se vend 6 à 10 fois plus de véhicules d’occasion que neufs.

Ce nombre aurait de quoi ravir les distributeurs officiels. Ils pourraient ainsi profiter de l’embellie du marché de l’occasion qui, en Afrique, supplante celui des voitures neuves bien à la traîne avec seulement 1,5 millions de ventes par an. En effet, l’Afrique est aujourd’hui inondée par les véhicules d’occasion. Sur 10 voitures qui circulent sur le continent, 9 sont des secondes mains en provenance principalement d’Europe, du Moyen-Orient, mais aussi d’Asie et parfois des Etats-Unis.

Pour pallier cette morosité en matière de vente de voitures neuves, les professionnels du secteur auraient donc la solution de se tourner aussi vers le marché de l’occasion. Mais le contexte n’est pas aussi simple car la réalité africaine en ce domaine est toute autre. L’occasion constitue-t-elle véritablement un nouveau créneau porteur avec de vraies opportunités et un challenge à relever ?

L’occasion : un secteur dominé par l’informel

Les distributeurs officiels, si tentés qu’ils soient de vendre des voitures de seconde main auraient à faire face à une difficulté de taille. En Afrique, le marché de l’occasion est empêtré dans les mailles de l’informel, opérant sous forme de réseau libéré de toute règlementation fiscale. Les prix trop élevés des véhicules neufs contraignent les particuliers à diriger leur choix vers une voiture d’occasion. Ils s’adressent pour cela à des revendeurs, très bien implantés sur le territoire (parfois des vendeurs en bord de route), qui proposent des prix particulièrement attractifs. Ces revendeurs disposent de réseaux d’approvisionnement et de dédouanement à prix cassés. Ils sont aussi passés maîtres dans l’art de recourir à des options de contrefaçon ou de bricoler sur les véhicules des réparations hasardeuses et malheureusement souvent dangereuses.

L’emprise de l’informel en Afrique est aussi en partie due au laxisme des autorités qui ne réglementent pas suffisamment l’entrée des véhicules d’occasion sur le sol africain. A noter que le marché de l’automobile en Afrique progresse différemment en fonction des caractéristiques de chaque pays. En 2005, le Gabon est l’un des seuls pays africains à avoir interdit l’importation de véhicules de plus de 4 ans.

Un espoir pour les distributeurs

Devant un tel constat, comment réagir ? Certaines entreprises tentent malgré tout de reprendre des parts de marché dans ce secteur qui ne demande qu’à se développer pour répondre à la demande intérieure.

Si l’on considère qu’il existe un marché à exploiter mais que s’attaquer à l’informel est peu envisageable au regard des risques que cela représente, il faut donc se tourner vers d’autres alternatives. La solution consisterait pour les vendeurs de voitures neuves de mettre en exergue des compétences que ne possède pas le réseau parallèle.

Les distributeurs pourraient par exemple miser sur une offre neuve plus diversifiée et plus abordable avec davantage de modèles low-cost et de services après-vente qualitatifs que l’informel n’est pas en capacité d’assurer. L’idée a de quoi faire son chemin si l’on considère qu’avec le développement des classes moyennes partout en Afrique apparaît une exigence accrue sur le choix des modèles et la qualité des services comme la garantie associée à l’achat d’un véhicule.

Les distributeurs n’ont pas d’autre alternative que proposer une gamme étendue en termes de choix et de prix, à la fois pour les particuliers et les professionnels. Certains constructeurs sont arrivés à la conclusion que pour étendre leurs ventes et réduire la part de l’occasion dans le marché, il s’avère impératif de réduire les coûts des modèles neufs.

Des entreprises comme le groupe Tractafric Motor Corporation, leader du marché du véhicule neuf en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest propose des marques comme Hyundai, Nissan, Volkswagen, Ford, Renault – Dacia, Mercedes et Mitsubishi. Le groupe a implanté ses filiales dans environ 25 pays d’Afrique dans le but d’attirer une clientèle déçue par la qualité et la fiabilité des véhicules proposés dans le réseau informel.

Avec l’augmentation de la classe moyenne le secteur automobile neuf peut espérer une embellie, sous réserve de baisser ses prix et d’assurer un service après-vente de qualité. Mais cela suffira-t-il à renverser la tendance et à enrayer un système controversé qui a depuis longtemps tissé sa toile sur toute l’Afrique ?