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Zeinixx : Figure féministe et engagée du street art sénégalais

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Zeinixx : Figure du street art sénégalais

Dakar est la capitale africaine du street art. En effet, cet art issu du mouvement du hip-hop, est un moyen d’expression très puissant. Le quartier de la Médina est le berceau du street art à Dakar, ses murs accueillent une multitude d’artistes. Parmi eux, Zeinixx : une femme dans un monde d’hommes, qui n’a pas peur de s’imposer. Zoom sur cette artiste engagée, figure emblématique du féminisme au Sénégal.

Le street art : une passion depuis sa jeunesse

Dès lycéenne, Dieynaba Sidibé, de son surnom Zeina, ne fait pas comme ses amies. Non, elle ne dépense pas son argent dans du maquillage, ou dans des vêtements, mais elle économise pour s’offrir des pots de peinture. C’est dans une émission de TV qu’elle découvre cet art. Tout de suite, c’est la révélation. Serait-ce le moyen d’expression qui lui permettrait de s’affirmer librement ?
Alors, elle se forme à Africulturban, une association spécialisée dans les cultures urbaines. C’est d’ailleurs ici qu’elle rencontre son mentor et celui qui lui a ouvert de nombreuses portes : Graffixx.

Dieynaba Sidibé le sait : elle souhaite faire carrière dans le graffiti. Dans cet esprit, elle veut faire passer des messages, s’engager dans des causes qui la touchent et cela grâce à l’art. Elle désire profondément informer et sensibiliser la population à travers sa passion. Zeinixx est soutenue par son père, néanmoins, sa mère, elle, rêve d’une autre vie. En d’autres termes, elle veut un cursus scolaire classique pour sa fille, qui la mènerait à un métier intellectuel ou stable. Mais la jeune fille n’en démord pas : Son avenir, c’est son art. C’est après avoir été invitée à une émission de télévision « Impression » et à un voyage en France que sa mère finit par se convaincre.

Une graffeuse féministe engagée

Aujourd’hui, Dieynaba est une graffeuse de renommée. Elle se fait appeler Zeinixx : un mélange entre son surnom Zeina et Graffixx. C’est son moyen à elle de rendre hommage à son mentor. Elle a voyagé dans de nombreux pays, l’Australie, la France, la Suisse ou les Etats-Unis. Des voyages au cours desquels elle a participé à des expositions ou collaborations artistiques.

Pour elle, le graffiti est une alternative à l’éducation. Un moyen de se battre pour l’égalité des sexes. Par conséquent, elle sillonne son pays pour faire passer ses messages. « J’aime mettre du rose et des fleurs. Je casse les codes des mecs » a-t-elle confié à France 24.

Chaque 8 mars, à l’occasion de la Journée Mondiale des Droits des Femmes, elle organise une session de graffiti. De toute évidence, elle y met en lumière ses idées féministes. Zeinixx raconte ainsi son parcours, son combat de tous les jours pour s’imposer dans un milieu masculin. « Au début, quand je graffais, des passants me faisaient comprendre que je n’étais pas à ma place. C’était très frustrant, car au fond de moi, enfin, je me sentais bien. Alors je mettais mes écouteurs pour ne pas me faire déconcentrer. »

Le street art, un moyen d’expression puissant au Sénégal

Dieynaba Sidibé s’interroge : « L’environnement ne s’arrête pas à préserver la nature. Comment peut-on faire pour prendre soin de cela ? ». Pour elle, le graffiti, « c’est un besoin d’embellir, de faire vivre des espaces. »

À Dakar, le graffiti est libre, puisqu’il suffit de demander l’autorisation aux propriétaires des murs concernés, ou à la ville des espaces adéquats. « En Europe, il faut graffer la nuit. Ici, c’est toléré le jour. Je vais voir les autorités, et on me laisse un espace pour m’exprimer ».
En effet, cela facilite cet art et le rend très accessible. Par conséquent, les artistes n’ont pas peur et ne sont pas pressés. Ils prennent ainsi le temps de réfléchir au meilleur moyen de faire passer un message qui pourrait avoir un impact. « Les messages peuvent être variés, chacun s’intéresse à un sujet bien défini. Je pense que ce qui nous lie, nous tous, c’est l’aspect positif. C’est l’aspect sensibilisation. Que ce soit sur les maladies, le handicap, la discrimination, l’insalubrité. Ou même sur des sujets politiques », se confie Dieynaba Sidibé.

Un art apprécié par les Sénégalais

La population, elle, montre un certain attrait pour cet art. En premier lieu, elle est séduite par les couleurs, les formes qu’il apporte aux quartiers insalubres. Mais dans un second temps, ils sont aussi sensibles aux messages. « C’est une activité à saluer, étant donné que les graffeurs au Sénégal jouent un rôle très important. Non seulement dans le cadre de la protection de l’environnement, de son embellissement, mais aussi de messages qu’ils délivrent sur les murs. « Cela contribue également au bien-être de la population », affirme un passant Dakarois.

C’est une véritable success story pour Zeinixx. En plus de s’être imposée en tant que femme dans le milieu du street art, elle réussit de surcroît à véhiculer ses idées féministes. Et ceci, basé sur son parcours personnel pour une cohérence absolue. Jusqu’au mois d’avril, vous pourrez admirer les œuvres de son projet à l’Institut français de Dakar. Avec 15 graffeurs Sénégalais, ils ont effectué une exposition riche en partage. « C’est une exposition qui regroupe toutes les générations. Des pionniers, jusqu’aux derniers apprenants ».

Crédit photo : OHCHR