La souveraineté est une donnée politique essentielle dans l’action légitime de l’Etat. Elle est le garant d’un certain niveau d’autonomie, et d’une capacité des pouvoirs publics à protéger les populations. Pays membre des nations d’Afrique de l’ouest, le Sénégal est actuellement confronté à son plus grand défi : renforcer sa souveraineté alimentaire et développer des offres de financement alternatives pour soutenir la production et l’entrepreneuriat dans le domaine agroalimentaire. Voici quelles sont actuellement les initiatives dans ce domaine.
La souveraineté alimentaire du Sénégal en quelques mots
La souveraineté alimentaire du Sénégal est un objectif visé par les pouvoirs publics depuis de nombreuses années. On rappellera ainsi l’existence de cette dimension programmatique prioritaire du Président Macky Sall, lors de son entrée en fonction en 2012. Des disparités existent encore néanmoins, entre les grandes villes et les régions les plus reculées du pays. Selon les chiffres avancés par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), près de 40% de la population vivant dans les zones rurales serait encore considérée en situation d’insécurité alimentaire grave ou modérée.
Néanmoins, des efforts significatifs ont été fournis depuis quelques années. Une nouvelle réflexion sur la base d’une agriculture écologique se fait jour, avec l’ambition de préserver durablement les terres et d’améliorer la qualité de vie des entrepreneurs. L’agroecologie cherche ainsi à lutter efficacement contre le changement climatique, à l’origine de la désertification des sols et l’aridification du climat. Toutefois, de lourds questionnements économiques demeurent.
Quelles sont les initiatives privées en faveur du développement ?
Pour aider les exploitations les plus fragiles et les plus éloignées du système bancaire, des initiatives entrepreneuriales apparaissent depuis plusieurs années. Le crédit-bail agricole, par exemple, a considérablement changé la donne pour les agriculteurs et les exploitations les plus en difficulté : lancé officiellement en 2012 puis en 2013 dans la vallée du fleuve Sénégal, ce dispositif de financement se présente aujourd’hui comme un outil incontournable pour le financement de la mécanisation agricole.
La société Locafrique, à l’origine de ce système de prêt inédit, poursuit depuis lors une intense politique d’accompagnement du secteur agricole. En 2014 et avec le concours de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID), la firme développe des schémas de financements orientés vers le crédit-bail, sa principale activité. Le dirigeant actuel de la société Khadim Bâ affirmait à l’époque « avoir investi près de 16 milliards dans le PME-PMI, dont 4 milliards de francs CFA dans le secteur agricole ». Des efforts restent cependant à fournir : la société spécialisée dans le crédit-bail estime ainsi que les prêts bancaires destinés à l’agriculture sénégalaise représentent moins de 5% de tous les secteurs bénéficiant de prêts.

L’inclusion financière des agro-industries au cœur des dispositifs d’investissement
Avec le développement des programmes d’investissement dans l’agro-industrie, ont émergés de nouveaux questionnements éthiques. La question de l’inclusion financière, par exemple, est plus que jamais au centre des débats. Les relevés de la société Locafrique indiquent qu’ils seraient plus de 440 micro-entrepreneurs, éloignés des centres de Dakar et Saint-Louis directement concernés par ces problématiques d’intégration. La plupart de ces exploitants seraient ainsi dépourvus de moyens pour accéder aux capitaux privés et autres prêts bancaires. Un engagement total des principaux acteurs locaux de l’investissement s’avère donc indispensable.
Considérée comme la première institution financière de crédit au Sénégal, la société Locafrique renouvelle en 2022 ses engagements auprès du secteur agricole. Ceci grâce à un nouveau programme de financement, inédit de par son ampleur. Les autres secteurs ne sont pas oubliés, et bénéficient également de cette nouvelle politique d’accès au crédit. Cette initiative se fait en lien avec le West Africa Trade & Investment Hub, une activité de promotion du commerce et de l’investissement financée par l’USAID.
Au total, le Trade Hub apporte son soutien par le biais d’une subvention de co-investissement d’une valeur de 1,5 million de dollars (soit l’équivalent de 813 millions de CFA). Le reste provient de capitaux et ressources privés en lien direct avec la société Locafrique, et se monte à 22,7 millions de dollars (soit l’équivalent de 12 milliards de CFA).
Avec ce programme de financement, la viabilité des acteurs du secteur agricole et non-agricole est assurée, de même que leur compétitivité. Ce partenariat d’une importance vitale dans la croissance du pays doit permettre de réduire significativement le chômage des jeunes, tout en développant un mode de financement de 50 start-ups dans les secteurs agricole et non-agricole.