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L’écosystème de la fintech en Afrique

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L'écosystème de la fintech en Afrique
L'écosystème de la fintech en Afrique

Avec la digitalisation des secteurs et la récente pandémie du coronavirus, on assiste, dans plusieurs pays africains, à une intégration croissante du numérique au secteur financier à travers l’accroissement des fintech en Afrique. Aujourd’hui, l’offre de services financiers en Afrique a connu une profonde révolution, avec la généralisation des services de banque en ligne. Dans cet article, nous portons un regard sur l’écosystème africain des technologies financières, le potentiel qu’offre le marché africain en cette matière et les défis au développement du secteur.

La fintech en Afrique : un secteur en pleine croissance

Le rapport « La finance en Afrique 2022 : naviguer en eaux troubles » publié par la Banque européenne d’investissement en octobre 2022 donne un aperçu clair de l’état de l’écosystème africain des technologies financières.

La finance en Afrique 2022 : naviguer en eaux troubles
La finance en Afrique 2022 : naviguer en eaux troubles

Il affirme que l’écosystème fintech en Afrique « est passé de 450 entreprises actives en 2020 à plus de 1 000 en avril 2022. Parmi celles-ci, 80 % sont d’origine locale et 20 % proviennent de l’extérieur de l’Afrique ».  Le rapport indique également que près de 90 % des banques considèrent que la pandémie a été un facteur de déclenchement de leur transformation numérique interne. 70 % ont dit avoir « élargi leur gamme des services numériques ».  Les données présentées dans le rapport montrent également que les investissements en Afrique ont augmenté ces dernières années. En 2021, les investissements étrangers directs (IED) en Afrique ont augmenté de 11 % par rapport à l’année précédente, atteignant un total de 46 milliards de dollars. Les investissements de la BEI en Afrique ont également augmenté, atteignant un record de 5,5 milliards d’euros en 2021.

Un rapport plus récent, celui publié le mardi 24 janvier 2023 par Partech Africa, le fonds de capital-risque dédié aux jeunes entreprises technologiques en Afrique, confirme la bonne santé de l’écosystème africain des technologies financières. Intitulé « Africa Tech Venture Capital », le rapport démontre la résilience de l’écosystème technologique africain dans un contexte économique difficile. Il révèle que l’écosystème des start-ups africaines a levé 6,5 milliards de dollars en 2022, ce qui représente une croissance de 8 % par rapport à 2021. Le rapport finit en précisant que la fintech a été le secteur le plus financé en Afrique en 2022.

En clair, le marché de la fintech en Afrique ne s’est jamais mieux porté que ces dernières années. Cela ne pouvait d’ailleurs pas en être autrement. En effet, le continent africain est un vaste marché à conquérir pour les entreprises fintech. Il est habité par plus de 1,4 milliard d’habitants en 2022, 60% étant des jeunes âgés de moins de 25 ans. Avec une population composée d’autant de Digital Natives, il faut s’attendre à une demande toujours plus forte de services intégrant le numérique. Or, l’Afrique traîne encore un taux de bancarisation d’environ 20% seulement, avec un secteur bancaire traditionnel très peu flexible et peu inclusif.

Dans ce contexte, la Fintech, à travers des solutions telles que la dématérialisation des paiements, les solutions de banque en ligne, etc., jouera un rôle crucial dans le développement économique de l’Afrique, et surtout dans l’inclusion financière.

Zoom sur les acteurs de la technologie financière en Afrique

Le marché de la fintech en Afrique est animé par cinq principaux acteurs aux rôles divers et interdépendants. Il s’agit des startups, des capital-risqueurs ou des investisseurs, des entreprises établies, des populations et des gouvernements. Les deux acteurs les plus actifs sur le marché pour le moment sont les startups, les entreprises établies et les investisseurs.

En général, les entreprises établies ont un gros avantage puisque leur expérience dans la finance traditionnelle leur donne plus de facilité de proposer à leurs clients des produits et services financiers innovants.

Quant aux startups dans la fintech, elles s’illustrent pour la plupart dans les solutions de paiement numériques innovantes, des applications bancaires mobiles et des projets d’envergure capables de révolutionner les économies africaines. Il est normal qu’elles suscitent autant d’intérêt de la part des capital-risqueurs qui, convaincus de leur potentiel, investissent de fortes sommes dans leur développement. Un excellent exemple de l’esprit d’innovation de l’Afrique est le service de paiement mobile révolutionnaire, M-Pesa. Lancée au Kenya en 2007, cette solution révolutionnaire a permis aux utilisateurs de téléphones portables d’accéder à des services financiers indispensables sans avoir de compte bancaire. Depuis lors, elle a été adoptée par 10 autres pays et continue de mettre en valeur l’ingéniosité africaine.

La startup nigériane Flutterwave fondée en 2016, fournit également une plateforme de paiement en ligne qui permet aux entreprises de recevoir des paiements dans plusieurs devises et de plusieurs sources.

Ces startups de fintech ont réussi à répondre aux besoins financiers des populations africaines, notamment en offrant des solutions de paiement mobile pour les populations non-bancarisées, ainsi que des moyens de paiement en ligne pour les entreprises tout en offrant des services de crédit pour les petites entreprises.

Les gouvernements et les institutions financières de la région reconnaissent l’importance des startups de fintech dans la transformation économique de l’Afrique et soutiennent activement leur croissance. Par exemple, en 2018, la Banque africaine de développement a lancé un fonds de 10 millions de dollars pour soutenir les startups de fintech en Afrique. Le fonds a pour objectif de fournir des investissements en capital-risque pour les startups de fintech et de stimuler l’innovation financière en Afrique.

Obstacles au développement de l’écosystème africain des technologies financières

S’il est vrai que de vastes efforts ont été consentis, le contexte africain présente quelques obstacles au développement et à l’adoption massive des solutions fintech. Il s’agit par exemple de la faible éducation financière des populations.

En effet, les communautés expriment parfois une confiance limitée, voire de la méfiance, vis-à-vis de la finance numérique. Ce sentiment est, dans certains cas, encouragé par le silence ou la passivité des gouvernements à l’égard des innovations des entreprises fintech. L’absence d’un cadre réglementaire précis et clair prouve cela avec éloquence. Or, sans une implication des gouvernements pour régler des problématiques liées à la technologie du numérique, les craintes subsisteront. Il faut, en effet, pouvoir garantir la confidentialité et la protection des données privées, ainsi que la sécurité des transactions, et prendre des mesures pour décourager les auteurs d’actes frauduleux. Considérant que la plupart des pays africains n’ont pas une réglementation claire pour garantir aux investisseurs un environnement d’investissement sécurisé, les startups pourraient voir leur capacité à mobiliser de gros financements se réduire.

En résumé, on retient que le faible taux de pénétration des services bancaires en Afrique et la jeunesse de sa population constituent de gros atouts pour le développement des entreprises fintech sur le continent. Cependant, pour avoir un écosystème fintech en Afrique florissant, les gouvernements doivent mettre en place des cadres juridiques efficaces et solides pour contrôler la croissance du secteur et punir les éventuelles fautes des participants de l’écosystème.