Home Actualites 2020, l’année de tous les dangers pour les étudiants sénégalais

2020, l’année de tous les dangers pour les étudiants sénégalais

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La volonté du gouvernement de rouvrir les classes a butté pour la énième fois sur l’objection du coronavirus. Comme il a su imposer sa loi sur les autres activités, le covid-19 refuse de céder à la demande insistante du président de la République et des ministres concernés par le secteur de l’enseignement. Même si les cours sont reportés sine die, et que le virus continue de faire son petit bonhomme de chemin, il y a lieu de dire que l’année scolaire peut toujours être sauvée. Il suffira, pour y arriver, de se départir d’un certain entêtement et de savoir répondre de façon intelligente aux caprices du coronavirus. La période octobre-décembre peut largement suffire pour sauver l’année et le niveau des élèves.

Alors que la reprise devait survenir le lendemain, le ministre de l’éducation a sorti un communiqué, le 1er juin passé, pour acter sa suspension. Une décision, des plus sages certes, qui ne manquera pas de soulever un tsunami de réactions et de désapprobations de la classe enseignante et au-delà. Enfin, l’Etat venait d’ouvrir les yeux face à une réalité qu’il ne cessait d’ignorer malgré les cris alertes plusieurs fois lancés. L’école n’ouvrira donc pas ses portes, et le report est sine die cette fois-ci, contrairement aux fois précédentes. Depuis le 14 mars donc, élèves et enseignants sont confinés dans un congé prolongé et renouvelé deux fois.

 

Pourquoi l’année peut être sauvée

En ayant échoué à faire reprendre les cours, le 2 juin, l’Etat du Sénégal devrait en tirer toutes les conséquences. La première devrait être, non pas de suspendre les cours, mais de déclarer la fin définitive de l’année scolaire. Afin qu’on ne s’y méprenne, il faut préciser qu’une telle déclaration ne signifie pas l’approbation d’une année blanche. En vérité, un scénario d’année blanche n’a jamais été envisagé et ne doit pas figurer sur la liste des éventualités, étant entendu que sauver l’année n’est pas la mer à boire.

L’école a perdu tant de mois qu’il est impossible de rattraper pour ce qui reste de l’année scolaire qui, dans les normes, s’étend du 1er octobre au 31 juillet. Même si les enseignements apprentissages iraient jusqu’à la fin du mois d’août, comme dans la dernière planification du ministère de l’éducation, il n’y a aucune possibilité de rattraper en deux mois ce qu’on a perdu en quatre mois. Il ne faut pas croire aux services du ministère qui soutiennent qu’on n’aura perdu que 2 mois et une dizaine de jours. Ce qui rend faux cette assertion ce sont notamment les grèves récurrentes du G20 et G7 entre janvier et mars dernier.

Au vu de cette situation, il nous faudra trouver une formule pour rattraper le retard énorme accusé dans le déroulement des enseignements apprentissages. Pour cela, il faut oublier dès à présent la reprise des cours dans les prochains jours ou semaines. Non seulement le temps qui reste en cours est trop insuffisant mais aussi et surtout l’impossibilité de leurs bons déroulements en temps hivernal n’est plus à démontrer. Sachant que le mois de juin est presque perdu, la reprise annoncée le 15 s’étant révélée fausse puisque démentie par le ministère de l’éducation même, il faut donc se faire une religion quant au reste de l’année en cours. Si nous devons vraiment assurer un tantinet de bonne éducation malgré la situation, il faut prévoir une reprise dès septembre prochain pour sauver l’année. On ne le souligne pas souvent, mais si la reprise se fait avant août, la célébration de la Tabaski va sans nul doute faire perdre quelques jours de cours à l’école sénégalaise.

Octobre-décembre : un trimestre pour retrouver la normale

Beaucoup de scénarii ont été présentés par des observateurs et parents d’élèves, mais celui qui reporte la reprise des cours à l’ouverture prochaine semble plus raisonnable. Comme dans les universités, exceptionnellement, les établissements scolaires pourraient rouvrir leurs portes dès le mois d’octobre. Ce mois n’est pas choisi ex nihilo, puisque si l’on se réfère au discours du président de la république le 10 mai passé, les experts estiment que la maladie ne disparaitrait pas avant le mois de septembre. Pour éviter donc un regain des cas positifs au covid-19 dont le pic est dépassé selon le ministre Abdoulaye Diouf Sarr, les élèves devraient regagner les classes en octobre, quand les risques de contamination deviendront particulièrement infimes.

Trois mois intenses de cours pourraient permettre de refaire le retard contracté entre avril-juin pour les classes intermédiaires dans un premier temps et avril-juillet pour les classes d’examen. Cela est d’autant plus possible que tous les cours n’auront pas besoin du même temps d’enseignement. Pour exemple, les cours de langues telles que le français, l’anglais, l’arable, l’espagnol entre autres ne nécessitent pas une quantité de temps énorme pour épuiser le programme. Si la situation le nécessite, les professeurs peuvent terminer les programmes dans un temps record avec toutes les garanties de compréhension et de maîtrise requises pour les élèves.

Là où le problème de temps se posera, en revanche, c’est au niveau des matières à volumes telles que l’histoire et la géographie, la philosophie, pour les classes littéraires, et les matières telles que les sciences physiques, les mathématiques, les sciences de la vie et de la terre pour les séries scientifiques. Et pour ces matières qui nécessitent beaucoup d’heures, il faut adopter une approche bien particulière. On pourrait par exemple mettre à profit les vacances pour tirer les leçons qui restent du programme et les mettre à la disposition des élèves afin qu’ils se familiarisent avec. Cela permettrait d’aller vite, lors de la reprise, dans l’exploitation des cours et de les expliquer pour la période octobre-décembre. L’année scolaire 2020-2021 pourrait ainsi  démarrer en janvier pour se terminer en août, soit 8 mois  de cours.

Si ce scénario est appliqué, il permettra non seulement de rompre la chaine de transmission mais aussi d’organiser les examens pour toutes les classes en fin décembre. En un trimestre, il faut reconnaitre que l’école peut se remettre à niveau sans discrimination. La reprise octobre-décembre, contrairement à ce qui est prévu actuellement, concernera tous les niveaux et règlera le problème de l’équité et l’égalité des chances dans le secteur de l’éducation. Mieux, ces niveaux intermédiaires qui allaient être orientés sur la base d’un seul semestre, finiront leur programme du deuxième semestre et subiront les compositions pour aller en classe supérieure. Ils règleront ainsi des lacunes qui allaient les suivre durant le reste de leur carrière.

En effet, il est impossible pour un élève de la Seconde S par exemple, de comprendre les cours de la première S s’il n’a pas appris au préalable les leçons du 2e semestre de la classe antérieure. Dès lors que l’idée d’une année blanche est écartée par tous les acteurs, le ministère de l’éducation doit réfléchir à nouveaux frais et pondre un planning de reprise bien mûri. Il doit surtout arrêter de faire du forcing pour une reprise dans l’immédiat et de toujours penser à sauver l’année : le niveau des élèves doit aussi être pris en compte.